Les Asthmatiques Anonymes

Lorsque Maman Vous avait narré Nos fabuleuses sorties scolaires de cette année, elle avait lancé un caillou dans la marre sans plus d'explication comme quoi la dernière sortie avait failli la tuer... Du coup aujourd'hui Nous allons abordé un sujet pas drôle **mais Nous allons rire quand même, peut-être...**, mais c'est le bon moment.

Maman est asthmatique.
Le problème de ce mal invisible **et oui, ce n'est pas écrit sur le front de Maman !**, c'est qu'il est invisible. Et comme tout ce qui n'est pas visible, c'est souvent mal compris par le commun des mortels. Mais Nous reviendrons sur ce point plus tard.
L'autre problème est qu'aujourd'hui le terme "asthmatique" a été banalisé. Ce mot est utilisé pour tout : un œil qui pleure, un nez qui coule... Et c'est vrai ! C'est petits maux de ce siècle qui font grave chier au quotidien appartiennent au domaine des asthmatiques. Mais il y a Asthmatique et Asthmatique. Maman est claire ou pas ?

Entrons dans les trucs glauques...
La Team œil qui pleure et nez qui coule correspond au niveau 0 de la belle et grande famille des Asthmatiques. De plus, cette famille se sépare en deux branches : l'asthme allergique et l'asthme physique.
Avis à la populace ! Ceci est de la vulgarisation médicale. Maman n'est pas médecin et ne se substitue en rien à la caste médicale. Elle tente simplement de Vous expliquer SA position actuelle.
Nous disions donc... Deux branches familiales.
Et parfois il y a consanguinité et Vous avez la Chance de faire partie des deux branches.
BINGO ! Maman est dans la place !
Au tirage au sort naturel, Maman a hérité du gros lot. Il faut l'accepter.

L'invisible n'est pas compris.

"L'asthme c'est une maladie dans ta tête"

En 2019, aïe !
Alors ça n'était pas dit méchamment. Cette phrase est sortie de son contexte. Mais ça fait quand même bizarre de l'avoir entendue et de la retranscrire ici.
Qu'on se le dise, l'asthme est une maladie tout ce qu'il y a de plus réelle.
Ça se traite, mais ça ne se guérit pas.
Team Traitement à vie, Bonjour !

Tous les Asthmatiques ne sont pas égaux. Personne ne l'est en fait et dans la grande famille des Asthmatiques, Nous ne dérogeons pas à cette règle.
Certains en vivront sans contrainte.
Certains feront un peu plus attention aux saisons.
Certains auront besoin d'une aide médicamenteuse.
Certains pourront faire n'importe quel sport.
Certains seront coincé et devront vivre le sport par procuration.
Certains seront lourdement handicapés au quotidien.
Bref, il faut de tout pour faire un monde.

Maman fait partie de la Team Niveau 3.
Sur 4, c'est plutôt pas mal !
Le niveau 4 est le pauvre qui doit traîner sa bouteille d'oxygène partout où il va.

Pour faire simple, les efforts intenses et rapides, Maman doit oublier.
Elle ne pourra JAMAIS participer au 100 mètres, ni même un marathon d'ailleurs... Mais elle est capable de monter tranquillement deux étages sans être essoufflée. Pour le troisième, c'est un poil plus compliqué. Il y a dix ans, en arrivant au lycée, Maman a déposé la motion "raser le troisième étage" lors d'un CA, mais ça n'a pas été accepté. Pas encore...
Tout cela, il faut l'accepter.
Et l'acceptation a été plutôt facile pour Maman. Mais se rendre compte de l'impacte au quotidien a été une autre histoire.

Pour ça, il aura fallu découvrir le service de réanimation de l'Hôpital Saint Louis à Paris.
Dépêche-toi. Non.
Mais cours on va rater le bus. Non.
Mais Si ! Viens !
Et voilà. C'était trop tard.
Encore UN qui n'a pas compris que l'allure d'escargot **à côté de celle d'un parisien** était en réalité une nécessité de survie. Ce jour là, il a dû prendre l'information en plein face !
Les cinq jours où Maman a été enfermée dans un espèce de Blockhaus sans fenêtre, ses battements de cœur liés aux bips des machines **pas seulement les siennes**, à ne savoir ni quelle heure, ni quel temps il faisait... Maman a dépassé le stade de l'acceptation. Elle a finalement compris que son quotidien serai lié pour toujours à cette maladie et lui serait propre à elle-même. Si elle a toujours accepter de vivre en harmonie avec son asthme, ce jour là, Maman a pris conscience de l'importance de cette maladie dans sa vie. Elle risquait sa vie au quotidien pour pas grand chose aux yeux des autres mortels.

Puis il y a eu les grossesses...
Certains choses peuvent modifier la maladie et la grossesse en fait partie.
Les traitements ne sont pas bon pour la grossesse, mais une détresse respiratoire l'est encore plus ! Alors il n'y a pas à choisir.
Mais les grossesses ont calmé la chose.
Le traitement n'était plus systématique et Maman s'est affranchie du côté allergique.
Une révolution !

Mais cette été, neuf ans après la première grossesse, la réalité a refait surface et ça fait mal.

Deux sorties scolaires, en moins d'une semaine, dans des conditions climatiques des plus mauvaises pour Maman, ont eu raison de son optimisme des dernières années. Ce mal, elle l'avait presque oublié...

La première sortie : grosses chaleurs suivies d'une pluie immonde ajoutées à la marche et aux sprints **même si elle sait qu'elle ne doit pas, parfois il n'y a pas le choix** incessant pour retenir PilouK, ont entraîné une prise de médicaments importante et régulières.

La deuxième sortie : grosses chaleurs en pleine nature **la Nature déteste Maman !** ont entraîné une prise de médicaments encore plus importante et permanente.

Finalement le tout aura entraîné un rendez-vous chez le médecin le lendemain.
Sauf qu'entre le jour et le lendemain, il y a la nuit !
Et lorsque Vous passez la nuit assise à regarder Papa respirer profondément **c'est important qu'au moins l'un des deux parents respire !** la bouche constamment collée à la Ventoline périmée depuis plus de deux ans **à pas bon de prendre trop la confiance**, Vous Vous souvenez finalement de la réalité qui sera la Votre jusqu'à la fin.

Maman l'avait presque oublié, mais elle était toujours là.
Attendant son heure.
Attendant une faiblesse, la faiblesse du quotidien, la faiblesse de l'oubli de soi lorsqu'on a des Pilous...
La Maladie, elle, ne l'a pas oubliée !

Tout est revenu à la normale depuis.
Mais c'est une piqûre de rappel qui fait bobo.

Est-ce que Maman la sous-estimera encore une fois ?
Certainement, ça arrivera.
Dans longtemps, mais ça arrivera.
Il faudra être prête, car il est hors de question que Maman perde.